Les méditations
Jésus rend la vie au fils de la veuve de Naïm
Evangile selon St Luc, chapitre 7, 11-17
Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme.
En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : « Ne pleure pas. » Il s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
Prière d'introduction
Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur, que les pauvres entendent et soient en fête. Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, Il me répond, de toutes mes frayeurs, Il me délivre. (Ps 33, 2-5)
Demande
Seigneur, élève ma foi à estimer Ta sainteté dans sa juste mesure, par une profonde vénération et une saine crainte de Ton nom.
Points de réflexion
1. A l’entrée de la petite bourgade galiléenne de Naïm, deux cortèges se croisent : à la tête de l’un, un défunt, le fils unique d’une veuve, et à la tête de l’autre, le Vivant, le Fils unique de Dieu et fils de l’homme ; un contre-parallélisme étonnant se découvre au regard pénétrant de la foi : Tandis que le défunt est porté hors de la ville, le Vivant y est poussé par le désir d’annoncer le message de la vie, d’apporter une lueur d’espérance à cette ville en détresse, d’embaumer les blessures et les tristesses de son amour. Avec Jésus, les portes de l’hadès (séjour des morts) ne résistent pas à l’évangile de la vie (cf. Mt 16,18).
Dans notre civilisation, la mort est systématiquement exportée hors de nos murs : tout d’abord la mort spirituelle de tant de jeunes et de moins jeunes est "fabriquée" dans la diffusion des valeurs d’un matérialisme hédoniste (jouir de la vie au maximum comme unique but, puisque de toute manière on doit mourir) et ensuite, la souffrance et la mort sont portées en marge du scénario public , lorsque la prévention du handicap est souvent l’avortement, ou lorsqu’on choisit, pour issue des crises, les antidépresseurs, le sexe, la drogue ou le suicide. Le Christ, lui, voit dans nos villes un appel à rendre présente l’action de Dieu qui guérit et qui sauve. Nous sommes aussi appelés à donner suite à son oeuvre.
2. Lorsque le Seigneur voit notre misère, il est saisi de compassion : il a pitié de la foule qui est comme un troupeau sans berger. Il nous aime comme un grand frère aime ses frères et soeurs et il veut nous faire jouir de ses faveurs divines. Cette compassion ne reste pas dans les paroles et les manifestations de son divin pouvoir ; elle se fera passion : Jésus, le Vivant, sera exclu de la Ville Sainte, portant sa sentence de mort sur le dos.
Le seul obstacle, par lequel ses grâces sont refoulées, est notre orgueilleuse autosuffisance. La foule qui suivait Jésus est la même qui trouvera sa Parole insupportable : une foule de défunts spirituels aura suivi le Vivant. Voilà le véritable cortège funèbre entrant dans la ville de Naïm. Le groupe de véritables disciples, vivant de sa Parole, se réduira à... sa mère au pied de la croix : la mère qui pleure la mort de son Fils unique ; puis Jean, puis les autres qui reviendront de la mort à la vie. Il y a donc, dans la profondeur de notre misère, une ouverture de coeur et d’âme qui se fait et qui donne à Dieu une chance pour opérer une véritable résurrection spirituelle, dont la "résurrection" du fils de la veuve est un signe pâle, mais non moins réel, et une anticipation de sa propre Résurrection.
3. La crainte de Dieu, qui s’empare de tous, est un don de l’Esprit Saint : rendre gloire à Dieu et l’estimer dans sa juste mesure. Honorer sa sainteté, n’est-ce pas une attitude adéquate ? Dieu n’est pas à réduire à un homme, à nos critères humains, même si Jésus en prend la forme, renonçant à son autonomie et à son autosuffisance dans l’usage de son pouvoir divin ; dans ce sens, Jésus ne peut pas être classé au rang d’une des grandes personnalités de l’histoire, dans la catégorie d’un fameux thaumaturge ou d’un homme d’une bonté exceptionnelle.
Ainsi l’Eglise, qui est son corps, n’est pas à réduire non plus à sa dimension humaine, c’est-à-dire sociale, politique (progressiste, traditionaliste etc.). L’Eglise en tant que corps est composée de différents membres ; mais l’Eglise a aussi un coeur qui aime et une âme qui la vivifie. Si nous commençons à disséquer le corps en ses tendances politiques, le traitant comme on traite (parfois abusivement) un cadavre, alors nous nous en exclurons nous-mêmes et mourrons à notre appartenance. Prions afin que nous ne nous laissions jamais accaparer par un esprit de mort : la critique, l’activisme humanitaire, le moralisme - mais que nous puissions ressusciter, dans la foi surnaturelle en Dieu qui sauve, et dans l’adoration de sa sainteté.
Dialogue avec le Christ
Heureux qui pense au pauvre et au faible : le Seigneur le sauve au jour du malheur ! Il le protège et le garde en vie, heureux sur la terre (...) Le Seigneur le soutient sur son lit de souffrance : si malade qu'il soit, tu le relèves. J'avais dit : "Pitié pour moi, Seigneur, guéris-moi, car j'ai péché contre toi !" (Ps 40, 2...5) Seigneur, j'ai confiance en toi.
Résolution
Je parlerai d'une foi vivante de mon Eglise - l'Eglise catholique - à mon entourage..
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