Les méditations
Jésus et les pécheurs : parabole de la brebis perdue et de la drachme perdue
Evangile selon St Luc, chapitre 15, 1-10
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
« Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
Quand il l’a retrouvée, tout joyeux, il la prend sur ses épaules, et, de retour chez lui, il réunit ses amis et ses voisins ; il leur dit : ’Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’
Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.
Prière d'introduction
Seigneur, ce matin je m’approche de la nourriture de ta parole, en silence, dans la foi, pour l’accueillir comme la parole qui nous révèle ton visage du Père de miséricorde. Que l’Esprit d’amour guide mon écoute dans la prière et grave sur mon âme le désir de te contempler pour l’éternité, Trinité Infinie, Père, Fils et Saint-Esprit.
Demande
Seigneur, que l’expérience de ma foi soit celle d’un amour reçu et que je puisse la transmettre comme expérience de grâce et de joie (Porta Fidei, n. 7). Apprends-moi que la vérité de la foi est condensée dans l’amour et la miséricorde que tu m’offres chaque jour, en Jésus, et que cette vérité me rende humble, car ce n’est pas moi qui possède la foi, c’est elle, expérience de l’amour offert, qui m’embrasse et me possède (Lumen Fidei, n. 34). Avant même que je puisse dire « Je crois », c’est toi, mon Dieu, qui as cru en moi. Je veux participer à ta joie d’aimer, de pardonner. Je veux croire en ma famille, en mon prochain, comme toi, Seigneur, tu as cru en eux, jusqu’au don de ton Fils bien-aimé sur la croix.
Points de réflexion
1. Que dit en soi le texte biblique (Évangile) ? Le chapitre 15 de Luc conserve les trois paraboles qui présentent de manière très claire la miséricorde de Dieu. Les paroles de Jésus ? réponse aux critiques des Pharisiens et des scribes (« Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux) ? nous révèlent le cœur du Père à travers les images du pasteur, de la femme qui retrouve la drachme, du père du fils prodigue, qui voit revenir sain et sauf son enfant bien-aimé. La première image nous fait penser aux nombreux textes de l’Ancien Testament qui parlent du Seigneur comme Pasteur d’Israël (cf. Ps 23) et aussi à ceux qui nous présentent les faux pasteurs comme Ez 34, 4 : « Vous n’avez pas fortifié les brebis chétives, soigné celle qui était malade, pansé celle qui était blessée. Vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue. Mais vous les avez régies avec violence et dureté ». En Jésus, la promesse de Dieu s’est accomplie : « Voici que j’aurai soin moi-même de mon troupeau et je m’en occuperai » (Ez 34, 11). Cependant, les textes de l’Ancien Testament chantent surtout la joie du peuple, du troupeau, rassuré entre les mains de son Seigneur. Or, le passage, que la liturgie nous propose aujourd’hui, met l’accent sur le cœur du Pasteur, de Dieu, prêt à aller à la recherche d’une brebis égarée contre tout calcul. Et quel est le sentiment de son cœur quand il retrouve cette brebis ? « Il la met, tout joyeux, sur les épaules... réjouissez-vous avec moi... il y a plus de joie dans le ciel... ». Dieu est joyeux et sa joie est notre bien, il est prêt à parcourir le long chemin de l’Incarnation et du mystère pascal pour nous retrouver, pour nous pardonner et nous prendre sur lui. La joie de la femme qui retrouve son argent est aussi un signe clair de l’amour de Dieu pour nous. La troisième image nous montre que pour notre Père nous sommes plus que son bien - ses brebis ou son argent ? nous sommes ses enfants.
2. Que nous dit le texte biblique ? Certes, ces textes nous révèlent le cœur du Père joyeux de miséricorde. Mais ils nous dévoilent aussi un aspect de notre relation avec Dieu : pour découvrir la joie et la miséricorde dans notre relation avec Dieu, il nous faut accueillir la foi comme l’expérience d’un amour reçu. À la base de cette expérience se trouve la reconnaissance de notre condition de pécheurs. Les conclusions des deux premiers récits nous rappellent que la joie au ciel, devant les anges, vient du repentir d’un seul pécheur. Chacun de nous est ce pécheur qui doit se convertir à Dieu chaque jour, à son amour. Le Padre Pio invitait ses frères tous les jours à faire un pas de plus dans « cet exercice de l’amour envers Dieu ». Mais cet exercice doit être accompagné de l’accueil de l’amour de Dieu pour nous. Si nous ne nous sentons pas concernés par cet amour, le berger ne viendra pas nous chercher, le médecin ne viendra pas nous guérir et le risque sera la sécheresse éprouvée par tant d’âmes chrétiennes qui, épuisées, pensent que la priorité dans la vie chrétienne appartient à ce que nous faisons pour Dieu et pour les autres et non pas à ce que Dieu fait pour nous. La pire chose qui peut arriver à notre vie, à notre société c’est de croire que nous n’avons pas besoin du salut. Y. Congar écrivait : « Le salut dépend essentiellement d’un autre... Il est dans la puissance, non de l’homme ou du monde, mais du Seigneur. C’est lui, Jésus, vrai Dieu et vrai homme, capable d’unir la puissance de Dieu à l’indigence du monde ». Ouvrons notre cœur au bon Pasteur pour être retrouvés, pour être sauvés.
3. Contemplatio : Jésus, tu nous révèles le regard de Dieu sur le monde, sur les hommes, sur le mal et le péché. Que je puisse faire l’expérience de l’amour et de la miséricorde de Dieu pour les hommes, que je ne juge pas les autres à la légère, que de mon cœur ne prononce pas une condamnation sur la brebis égarée, alors que tu veux que tous les hommes soient sauvés. Au contraire, je veux t’aider pour ramener tout et tous vers toi, source de la bonté infinie.
Dialogue avec le Christ
Seigneur, dans la lecture d’aujourd’hui, saint Paul nous dit : « Nul d’entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même » (Rm 14,7). Qu' à la fin de cette Année de la foi et à l’approche de la fête du Christ-Roi de l’univers, je puisse faire l’expérience de l’amour et de la miséricorde que tu me donnes, libre et gratuitement, chaque jour. Ma vie t’appartient, j’ai besoin de ton salut. Que la fête du Christ-Roi me rappelle que tu « es mort et revenu à la vie pour être le Seigneur des morts et des vivants » (Rm 14,9).
Résolution
Faire un acte de miséricorde en ce jour, envers une personne qui nous a fait du mal, pardonner de tout cœur et demander à Dieu la grâce de la joie du pardon qui libère.
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