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 - 21 décembre 2024 - Saint Pierre Canisius

 

Article 3 : "Le Christ a été concu du Saint-Esprit et est né de la Vierge Marie

Paragraphe 3 : Les mystères de la vie du Christ

512 Le Symbole de la foi ne parle, concernant la vie du Christ, que des mystères de l’Incarnation (conception et naissance) et de la Pâque (passion, crucifixion, mort, sépulture, descente aux enfers, résurrection, ascension). Il ne dit rien, explicitement, des mystères de la vie cachée et publique de Jésus, mais les articles de la foi concernant l’Incarnation et la Pâque de Jésus éclairent toute la vie terrestre du Christ. " Tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le commencement jusqu’au jour où (...) Il fut enlevé au ciel " (Ac 1,1-2) est à voir à la lumière des mystères de Noël et de Pâques.

513 La Catéchèse, selon les circonstances, déploiera toute la richesse des mystères de Jésus. Ici il suffit d’indiquer quelques éléments communs à tous les mystères de la vie du Christ (I), pour esquisser ensuite les principaux mystères de la vie cachée (II) et publique (III) de Jésus.

I. Toute la vie du Christ est mystère

514 Beaucoup de choses qui intéressent la curiosité humaine au sujet de Jésus ne figurent pas dans les Évangiles. Presque rien n’est dit sur sa vie à Nazareth, et même une grande part de sa vie publique n’est pas relatée (cf. Jn 20,30). Ce qui a été écrit dans les Évangiles, l’a été " pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie en son nom " (Jn 20,31).

515 Les Évangiles sont écrits par des hommes qui ont été parmi les premiers à avoir la foi (cf. Mc 1,1 ; Jn 21,24) et qui veulent la faire partager à d’autres. Ayant connu dans la foi qui est Jésus, ils ont pu voir et faire voir lestraces de son mystèredans toute sa vie terrestre. Des langes de sa nativité (cf. Lc 2,7) jusqu’au vinaigre de sa passion (cf. Mt 27,48) et au suaire de sa Résurrection (cf. Jn 20,7), tout dans la vie de Jésus est signe de son mystère. A travers ses gestes, ses miracles, ses paroles, il a été révélé qu’" en Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité " (Col 2,9). Son humanité apparaît ainsi comme le " sacrement ", c’est-à-dire le signe et l’instrument de sa divinité et du salut qu’il apporte : ce qu’il y avait de visible dans sa vie terrestre conduisit au mystère invisible de sa filiation divine et de sa mission rédemptrice.

Les traits communs des mystères de Jésus

516 Toute la vie du Christ est Révélation du Père : ses paroles et ses actes, ses silences et ses souffrances, sa manière d’être et de parler. Jésus peut dire : " Qui me voit, voit le Père " (Jn 14,9), et le Père : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le " (Lc 9,35). Notre Seigneur s’étant fait homme pour accomplir la volonté du Père (cf. He 10,5-7), les moindres traits de ses mystères nous manifestent " l’amour de Dieu pour nous " (1 Jn 4,9).

517 Toute la vie du Christ est mystère de Rédemption. La Rédemption nous vient avant tout par le sang de la Croix (cf. Ep 1,7 ; Col 1,13-14 ; 1 P 1,18-19), mais ce mystère est à l’œuvre dans toute la vie du Christ : dans son Incarnation déjà, par laquelle, en se faisant pauvre, il nous enrichit par sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9) ; dans sa vie cachée qui, par sa soumission (cf. Lc 2,51), répare notre insoumission ; dans sa parole qui purifie ses auditeurs (cf. Jn 15,3) ; dans ses guérisons et ses exorcismes, par lesquels " il a pris nos infirmités et s’est chargé de nos maladies " (Mt 8,17 ; cf. Is 53, 4) ; dans sa Résurrection, par laquelle il nous justifie (cf. Rm 4,25).

518 Toute la vie du Christ est mystère de Récapitulation. Tout ce que Jésus a fait, dit et souffert, avait pour but de rétablir l’homme déchu dans sa vocation première :

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Notre communion aux mystères de Jésus

519 Toute la richesse du Christ " est destinée à tout homme et constitue le bien de chacun " (RH 11). Le Christ n’a pas vécu sa vie pour lui-même, mais pour nous, de son Incarnation " pour nous les hommes et pour notre salut " jusqu’à sa mort " pour nos péchés " (1 Co 15, 3) et à sa Résurrection " pour notre justification " (Rm 4,25). Maintenant encore, il est " notre avocat auprès du Père " (1 Jn 2,1), " étant toujours vivant pour intercéder en notre faveur " (He 7,25). Avec tout ce qu’il a vécu et souffert pour nous une fois pour toutes, il reste présent pour toujours " devant la face de Dieu en notre faveur " (He 9,24).

520 En toute sa vie, Jésus se montre comme notre modèle (cf. Rm 15,5 ; Ph 2,5) : il est " l’homme parfait " (GS 38) qui nous invite à devenir ses disciples et à le suivre : par son abaissement, il nous a donné un exemple à imiter (cf. Jn 13,15), par sa prière, il attire à la prière (cf. Lc 11,1), par sa pauvreté, il appelle à accepter librement le dénuement et les persécutions (cf. Mt 5,11-12).

521 Tout ce que le Christ a vécu, il fait que nous puissions le vivre en Lui et qu’il le vive en nous. " Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme " (GS 22, § 2). Nous sommes appelés à ne faire plus qu’un avec lui ; ce qu’il a vécu dans sa chair pour nous et comme notre modèle, il nous y fait communier comme les membres de son Corps :

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II. Les mystères de l’enfance et de la vie cachée de Jésus

Les préparations

522 La venue du Fils de Dieu sur la terre est un événement si immense que Dieu a voulu le préparer pendant des siècles. Rites et sacrifices, figures et symboles de la Première alliance (cf. He 9,15), Il fait tout converger vers le Christ ; Il l’annonce par la bouche des prophètes qui se succèdent en Israël. Il éveille par ailleurs dans le cœur des païens l’obscure attente de cette venue.

523 Saint Jean le Baptiste est le précurseur (cf. Ac 13,24) immédiat du Seigneur, envoyé pour Lui préparer le chemin (cf. Mt 3,3). " Prophète du Très-Haut " (Lc 1,76), il dépasse tous les prophètes (cf. Lc 7,26), il en est le dernier (cf. Mt 11,13), il inaugure l’Évangile (cf. Ac 1,22 ; Lc 16,16) ; il salue la venue du Christ dès le sein de sa mère (cf. Lc 1,41) et il trouve sa joie à être " l’ami de l’époux " (Jn 3,29) qu’il désigne comme " l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde " (Jn 1,29). Précédant Jésus " avec l’esprit et la puissance d’Elie " (Lc 1,17), il lui rend témoignage par sa prédication, son baptême de conversion et finalement son martyre (cf. Mc 6,17-29).

524 En célébrant chaque année la liturgie de l’Avent, l’Église actualise cette attente du Messie : en communiant à la longue préparation de la première venue du Sauveur, les fidèles renouvellent l’ardent désir de son second Avènement (cf. Ap 22,17). Par la célébration de la nativité et du martyre du Précurseur, l’Église s’unit à son désir : " Il faut que Lui grandisse et que moi je décroisse " (Jn 3,30).

Le mystère de Noël

525 Jésus est né dans l’humilité d’une étable, dans une famille pauvre (cf. Lc 2,6-7) ; de simples bergers sont les premiers témoins de l’événement. C’est dans cette pauvreté que se manifeste la gloire du ciel (cf. Lc 2,8-20). L’Église ne se lasse pas de chanter la gloire de cette nuit :

La Vierge aujourd’hui met au monde l’Éternel

Et la terre offre une grotte à l’Inaccessible.

Les anges et les pasteurs le louent

Et les mages avec l’étoile s’avancent,

Car Tu es né pour nous,

Petit Enfant, Dieu éternel !

(Kontakion de Romanos le Mélode)

526 " Devenir enfant " par rapport à Dieu est la condition pour entrer dans le Royaume (cf. Mt 18,3-4) ; pour cela il faut s’abaisser (cf. Mt 23,12), devenir petit ; plus encore : il faut " naître d’en haut " (Jn 3,7), " naître de Dieu " (Jn 1,13) pour " devenir enfants de Dieu " (Jn 1,12). Le mystère de Noël s’accomplit en nous lorsque le Christ " prend forme " en nous (Ga 4,19). Noël est le mystère de cet " admirable échange " :

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Les mystères de l’enfance de Jésus

527 La circoncision de Jésus, le huitième jour après sa naissance (cf. Lc 2,21), est signe de son insertion dans la descendance d’Abraham, dans le peuple de l’alliance, de sa soumission à la loi (cf. Ga 4,4), et de sa députation au culte d’Israël auquel Il participera pendant toute sa vie. Ce signe préfigure " la circoncision du Christ " qu’est le Baptême (cf. Col 2,11-13).

528 L’Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde. Avec le Baptême de Jésus au Jourdain et les noces de Cana (cf. LH, antienne du Magnificat des secondes vêpres de l’Épiphanie), elle célèbre l’adoration de Jésus par des " mages " venus d’Orient (Mt 2,1). Dans ces " mages ", représentants des religions païennes environnantes, l’Évangile voit les prémices des nations qui accueillent la Bonne Nouvelle du salut par l’Incarnation. La venue des mages à Jérusalem pour " rendre hommage au roi des Juifs " (Mt 2,2) montre qu’ils cherchent en Israël, à la lumière messianique de l’étoile de David (cf. Nb 24, 17 ; Ap 22,16), celui qui sera le roi des nations (cf. Nb 24, 17-19). Leur venue signifie que les païens ne peuvent découvrir Jésus et l’adorer comme Fils de Dieu et Sauveur du monde qu’en se tournant vers les juifs (cf. Jn 4,22) et en recevant d’eux leur promesse messianique telle qu’elle est contenue dans l’Ancien Testament (cf. Mt 2,4-6). L’Épiphanie manifeste que " la plénitude des païens entre dans la famille des patriarches " (S. Léon le Grand, serm. 33, 3 : PL 54, 242) et acquiert la Israelitica dignitas (MR, Vigile Pascale 26 : prière après la troisième lecture).

529 La présentation de Jésus au Temple (cf. Lc 2,22-39) Le montre comme le Premier-Né appartenant au Seigneur (cf. Ex 13, 12-13). Avec Siméon et Anne c’est toute l’attente d’Israël qui vient à la rencontre de son Sauveur (la tradition byzantine appelle ainsi cet événement). Jésus est reconnu comme le Messie tant attendu, " lumière des nations " et " gloire d’Israël ", mais aussi " signe de contradiction ". Le glaive de douleur prédit à Marie annonce cette autre oblation, parfaite et unique, de la Croix qui donnera le salut que Dieu a " préparé à la face de tous les peuples ".

530 La fuite en Égypte et le massacre des innocents (cf. Mt 2,13-18) manifestent l’opposition des ténèbres à la lumière : " Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas reçu " (Jn 1,11). Toute la vie du Christ sera sous le signe de la persécution. Les siens la partagent avec lui (cf. Jn 15,20). Sa montée d’Égypte (cf. Mt 2,15) rappelle l’Exode (cf. Os 11, 1) et présente Jésus comme le libérateur définitif.

Les mystères de la vie cachée de Jésus

531 Pendant la plus grande partie de sa vie, Jésus a partagé la condition de l’immense majorité des hommes : une vie quotidienne sans apparente grandeur, vie de travail manuel, vie religieuse juive soumise à la Loi de Dieu (cf. Ga 4,4), vie dans la communauté. De toute cette période il nous est révélé que Jésus était " soumis " à ses parents et qu’" il croissait en sagesse, en taille et en grâce devant Dieu et devant les hommes " (Lc 2,51-52).

532 La soumission de Jésus à sa mère et son père légal accomplit parfaitement le quatrième commandement. Elle est l’image temporelle de son obéissance filiale à son Père céleste. La soumission de tous les jours de Jésus à Joseph et à Marie annonçait et anticipait la soumission du Jeudi Saint : " Non pas ma volonté... " (Lc 22,42). L’obéissance du Christ dans le quotidien de la vie cachée inaugurait déjà l’œuvre de rétablissement de ce que la désobéissance d’Adam avait détruit (cf. Rm 5,19).

533 La vie cachée de Nazareth permet à tout homme de communier à Jésus par les voies les plus quotidiennes de la vie :

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534 Le recouvrement de Jésus au Temple (cf. Lc 2,41-52) est le seul événement qui rompt le silence des Évangiles sur les années cachées de Jésus. Jésus y laisse entrevoir le mystère de sa consécration totale à une mission découlant de sa filiation divine : " Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ? " Marie et Joseph " ne comprirent pas " cette parole, mais ils l’accueillirent dans la foi, et Marie " gardait fidèlement tous ces souvenirs en son cœur ", tout au long des années où Jésus restait enfoui dans le silence d’une vie ordinaire.

III. Les mystères de la vie publique de Jésus

Le Baptême de Jésus

535 Le commencement (cf. Lc 3,23) de la vie publique de Jésus est son Baptême par Jean dans le Jourdain (cf. Ac 1,22). Jean proclamait " un baptême de repentir pour la rémission des péchés " (Lc 3,3). Une foule de pécheurs, publicains et soldats (cf. Lc 3,10-14), Pharisiens et Sadducéens (cf. Mt 3,7) et prostituées (cf. Mt 21,32) vient se faire baptiser par lui. " Alors paraît Jésus ". Le Baptiste hésite, Jésus insiste : il reçoit le Baptême. Alors l’Esprit Saint, sous forme de colombe, vient sur Jésus, et la voix du ciel proclame : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé " (Mt 3,13-17). C’est la manifestation (" Épiphanie ") de Jésus comme Messie d’Israël et Fils de Dieu.

536 Le Baptême de Jésus, c’est, de sa part, l’acceptation et l’inauguration de sa mission de Serviteur souffrant. Il se laisse compter parmi les pécheurs (cf. Is 53, 12) ; il est déjà " l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde " (Jn 1,29) ; déjà, il anticipe le " baptême " de sa mort sanglante (cf. Mc 10,38 ; Lc 12,50). Il vient déjà " accomplir toute justice " (Mt 3,15), c’est-à-dire qu’il se soumet tout entier à la volonté de son Père : il accepte par amour le baptême de mort pour la rémission de nos péchés (cf. Mt 26,39). A cette acceptation répond la voix du Père qui met toute sa complaisance en son Fils (cf. Lc 3,22 ; Is 42, 1). L’Esprit que Jésus possède en plénitude dès sa conception, vient " reposer " sur lui (Jn 1,32-33 ; cf. Is 11, 2). Il en sera la source pour toute l’humanité. A son Baptême, " les cieux s’ouvrirent " (Mt 3,16) que le péché d’Adam avait fermés ; et les eaux sont sanctifiées par la descente de Jésus et de l’Esprit, prélude de la création nouvelle.

537 Par le Baptême, le chrétien est sacramentellement assimilé à Jésus qui anticipe en son baptême sa mort et sa résurrection ; il doit entrer dans ce mystère d’abaissement humble et de repentance, descendre dans l’eau avec Jésus, pour remonter avec lui, renaître de l’eau et de l’Esprit pour devenir, dans le Fils, fils bien-aimé du Père et " vivre dans une vie nouvelle " (Rm 6,4) :

Ensevelissons-nous avec le Christ par le Baptême, pour ressusciter avec lui ; descendons avec lui, pour être élevés avec lui ; remontons avec lui, pour être glorifiés en lui (S. Grégoire de Naz., or. 40, 9 : PG 36, 369B).

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La Tentation de Jésus

538 Les Évangiles parlent d’un temps de solitude de Jésus au désert immédiatement après son baptême par Jean : " Poussé par l’Esprit " au désert, Jésus y demeure quarante jours sans manger ; il vit avec les bêtes sauvages et les anges le servent (cf. Mc 1,12-13). A la fin de ce temps, Satan le tente par trois fois cherchant à mettre en cause son attitude filiale envers Dieu. Jésus repousse ces attaques qui récapitulent les tentations d’Adam au Paradis et d’Israël au désert, et le diable s’éloigne de lui " pour revenir au temps marqué " (Lc 4,13).

539 Les Évangélistes indiquent le sens salvifique de cet événement mystérieux. Jésus est le nouvel Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation. Jésus accomplit parfaitement la vocation d’Israël : contrairement à ceux qui provoquèrent jadis Dieu pendant quarante ans au désert (cf. Ps 95, 10), le Christ se révèle comme le Serviteur de Dieu totalement obéissant à la volonté divine. En cela, Jésus est vainqueur du diable : il a " ligoté l’homme fort " pour lui reprendre son butin (Mc 3,27). La victoire de Jésus sur le tentateur au désert anticipe la victoire de la passion, obéissance suprême de son amour filial du Père.

540 La tentation de Jésus manifeste la manière qu’a le Fils de Dieu d’être Messie, à l’opposé de celle que lui propose Satan et que les hommes (cf. Mt 16,21-23) désirent lui attribuer. C’est pourquoi le Christ a vaincu le Tentateur pour nous : " Car nous n’avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d’une manière semblable, à l’exception du péché " (He 4,15). L’Église s’unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus au désert.

" Le Royaume de Dieu est tout proche "

541 " Après que Jean eut été livré, Jésus se rendit en Galilée. Il y proclamait en ces termes la Bonne Nouvelle venue de Dieu : ‘Les temps sont accomplis et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle’ " (Mc 1,15). " Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre " (LG 3). Or, la volonté du Père, c’est d’" élever les hommes à la communion de la vie divine " (LG 2). Il le fait en rassemblant les hommes autour de son Fils, Jésus-Christ. Ce rassemblement est l’Église, qui est sur terre " le germe et le commencement du Royaume de Dieu " (LG 5).

542 Le Christ est au cœur de ce rassemblement des hommes dans la " famille de Dieu ". Il les convoque autour de lui par sa parole, par ses signes qui manifestent le règne de Dieu, par l’envoi de ses disciples. Il réalisera la venue de son Royaume surtout par le grand mystère de sa Pâque : sa mort sur la Croix et sa Résurrection. " Et moi, élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi " (Jn 12,32). A cette union avec le Christ tous les hommes sont appelés (cf. LG 3).

L’annonce du Royaume de Dieu

543 Tous les hommes sont appelés à entrer dans le Royaume. Annoncé d’abord aux enfants d’Israël (cf. Mt 10,5-7), ce Royaume messianique est destiné à accueillir les hommes de toutes les nations (cf. Mt 8,11 ; 28, 19). Pour y accéder, il faut accueillir la parole de Jésus :

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544 Le Royaume appartient aux pauvres et aux petits, c’est-à-dire à ceux qui l’ont accueilli avec un cœur humble. Jésus est envoyé pour " porter la bonne nouvelle aux pauvres " (Lc 4,18 ; cf. 7, 22). Il les déclare bienheureux car " le Royaume des cieux est à eux " (Mt 5,3) ; c’est aux " petits " que le Père a daigné révéler ce qui reste caché aux sages et aux habiles (cf. Mt 11,25). Jésus partage la vie des pauvres, de la crèche à la croix ; il connaît la faim (cf. Mc 2,23-26 ; Mt 21,18), la soif (cf. Jn 4,6-7 ; 19, 28) et le dénuement (cf. Lc 9,58). Plus encore : il s’identifie aux pauvres de toutes sortes et fait de l’amour actif envers eux la condition de l’entrée dans son Royaume (cf. Mt 25,31-46).

545 Jésus invite les pécheurs à la table du Royaume : " Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs " (Mc 2,17 ; cf. 1 Tm 1, 15). Il les invite à la conversion sans laquelle on ne peut entrer dans le Royaume, mais il leur montre en parole et en acte la miséricorde sans bornes de son Père pour eux (cf. Lc 15,11-32) et l’immense " joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent " (Lc 15,7). La preuve suprême de cet amour sera le sacrifice de sa propre vie " en rémission des péchés " (Mt 26,28).

546 Jésus appelle à entrer dans le Royaume à travers les paraboles, trait typique de son enseignement (cf. Mc 4,33-34). Par elles, il invite au festin du Royaume (cf. Mt 22,1-14), mais il demande aussi un choix radical : pour acquérir le Royaume, il faut tout donner (cf. Mt 13,44-45) ; les paroles ne suffisent pas, il faut des actes (cf. Mt 21,28-32). Les paraboles sont comme des miroirs pour l’homme : accueille-t-il la parole comme un sol dur ou comme une bonne terre (cf. Mt 13,3-9) ? Que fait-il des talents reçus (cf. Mt 25,14-30) ? Jésus et la présence du Royaume en ce monde sont secrètement au cœur des paraboles. Il faut entrer dans le Royaume, c’est-à-dire devenir disciple du Christ pour " connaître les mystères du Royaume des cieux " (Mt 13,11). Pour ceux qui restent " dehors " (Mc 4,11), tout demeure énigmatique (cf. Mt 13,10-15).

Les signes du Royaume de Dieu

547 Jésus accompagne ses paroles par de nombreux " miracles, prodiges et signes " (Ac 2,22) qui manifestent que le Royaume est présent en Lui. Ils attestent que Jésus est le Messie annoncé (cf. Lc 7,18-23).

548 Les signes accomplis par Jésus témoignent que le Père l’a envoyé (cf. Jn 5,36 ; 10, 25). Ils invitent à croire en lui (cf. Jn 10,38). A ceux qui s’adressent à lui avec foi, il accorde ce qu’ils demandent (cf. Mc 5,25-34 ; 10, 52 ; etc.). Alors les miracles fortifient la foi en Celui qui fait les œuvres de son Père : ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu (cf. Jn 10,31-38). Mais ils peuvent aussi être " occasion de chute " (Mt 11,6). Ils ne veulent pas satisfaire la curiosité et les désirs magiques. Malgré ses miracles si évidents, Jésus est rejeté par certains (cf. Jn 11,47-48) ; on l’accuse même d’agir par les démons (cf. Mc 3,22).

549 En libérant certains hommes des maux terrestres de la faim (cf. Jn 6,5-15), de l’injustice (cf. Lc 19,8), de la maladie et de la mort (cf. Mt 11,5), Jésus a posé des signes messianiques ; il n’est cependant pas venu pour abolir tous les maux ici-bas (cf. Lc 12,13. 14 ; Jn 18,36), mais pour libérer les hommes de l’esclavage le plus grave, celui du péché (cf. Jn 8,34-36), qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs asservissements humains.

550 La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan (cf. Mt 12,26) : " Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous " (Mt 12,28). Les exorcismes de Jésus libèrent des hommes de l’emprise des démons (cf. Lc 8,26-39). Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur " le prince de ce monde " (Jn 12,31). C’est par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi : " Dieu a régné du haut du bois " (Hymne " Vexilla Regis ").

" Les clefs du Royaume "

551 Dès le début de sa vie publique, Jésus choisit des hommes au nombre de douze pour être avec Lui et pour participer à sa mission (cf. Mc 3,13-19) ; il leur donne part à son autorité " et il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et guérir " (Lc 9,2). Ils restent pour toujours associés au Royaume du Christ car celui-ci dirige par eux l’Église :

Je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi ; vous mangerez et boirez à la table en mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël (Lc 22,29-30).

552 Dans le collège des Douze Simon Pierre tient la première place (cf. Mc 3,16 ; 9, 2 ; Lc 24,34 ; 1 Co 15, 5). Jésus lui a confié une mission unique. Grâce à une révélation venant du Père, Pierre avait confessé : " Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ". Notre Seigneur lui avait alors déclaré : " Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle " (Mt 16,18). Le Christ, " Pierre vivante " (1 P 2,4), assure à son Église bâtie sur Pierre la victoire sur les puissances de mort. Pierre, en raison de la foi confessée par lui, demeurera le roc inébranlable de l’Église. Il aura mission de garder cette foi de toute défaillance et d’y affermir ses frères (cf. Lc 22,32).

553 Jésus a confié à Pierre une autorité spécifique : " Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié " (Mt 16,19). Le " pouvoir des clefs " désigne l’autorité pour gouverner la maison de Dieu, qui est l’Église. Jésus, " le Bon Pasteur " (Jn 10,11) a confirmé cette charge après sa Résurrection : " Pais mes brebis " (Jn 21,15-17). Le pouvoir de " lier et délier " signifie l’autorité pour absoudre les péchés, prononcer des jugements doctrinaux et prendre des décisions disciplinaires dans l’Église. Jésus a confié cette autorité à l’Église par le ministère des apôtres (cf. Mt 18,18) et particulièrement de Pierre, le seul à qui il a confié explicitement les clefs du Royaume.

Un avant-goût du Royaume : La Transfiguration

554 A partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître " commença de montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter " (Mt 16,21) : Pierre refuse cette annonce (cf. Mt 16,22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf. Mt 17,23 ; Lc 9,45). C’est dans ce contexte que se situe l’épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (cf. Mt 17,1-8 par. ; 2 P 1,16-18), sur une haute montagne, devant trois témoins choisis par lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Elie apparaissent, lui " parlant de son départ qu’il allait accomplir à Jérusalem " (Lc 9,31). Une nuée les couvre et une voix du ciel dit : " Celui-ci est mon Fils, mon Élu ; écoutez-le " (Lc 9,35).

555 Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre aussi que, pour " entrer dans sa gloire " (Lc 24,26), il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Elie avaient vu la gloire de Dieu sur la Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie (cf. Lc 24,27). La passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l’Esprit Saint : " Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l’homme, l’Esprit dans la nuée lumineuse " (S. Thomas d’A., s. th. 3, 45, 4, ad 2) :

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556 Au seuil de la vie publique : le Baptême ; au seuil de la Pâque : la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus " fut manifesté le mystère de notre première régénération " : notre Baptême ; la Transfiguration " est le sacrement de la seconde régénération " : notre propre résurrection (S. Thomas d’A., s. th. 3, 45, 4, ad 2). Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l’Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ. La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ " qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire " (Ph 3,21). Mais elle nous rappelle aussi qu’" il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu " (Ac 14,22) :

<Lc 9,33). Il t'a réservé cela, Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descend pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. La Vie descend pour se faire tuer ; le Pain descend pour avoir faim ; la Voie descend, pour se fatiguer en chemin ; la Source descend, pour avoir soif ; et tu refuses de peiner ? (S. Augustin, serm. 78, 6 : PL 38, 492-493).

La montée de Jésus à Jérusalem

557 " Or, comme approchait le temps où il devait être emporté de ce monde, Jésus prit résolument le chemin de Jérusalem " (Lc 9,51 ; cf. Jn 13,1). Par cette décision, il signifiait qu’il montait à Jérusalem prêt à mourir. A trois reprises il avait annoncé sa passion et sa Résurrection (cf. Mc 8,31-33 ; 9, 31-32 ; 10, 32-34). En se dirigeant vers Jérusalem, il dit : " Il ne convient pas qu’un prophète périsse hors de Jérusalem " (Lc 13,33).

558 Jésus rappelle le martyre des prophètes qui avaient été mis à mort à Jérusalem (cf. Mt 23,37a). Néanmoins, il persiste à appeler Jérusalem à se rassembler autour de lui : " Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes (...) et vous n’avez pas voulu ! " (Mt 23,37b). Quand Jérusalem est en vue, il pleure sur elle et exprime encore une fois le désir de son cœur : " Ah ! Si en ce jour tu avais compris, toi aussi, le message de paix ! Mais, hélas, il est demeuré caché à tes yeux " (Lc 19,41-42).

L’entrée messianique de Jésus à Jérusalem

559 Comment Jérusalem va-t-elle accueillir son Messie ? Alors qu’il s’était toujours dérobé aux tentatives populaires de le faire roi (cf. Jn 6,15), Jésus choisit le temps et prépare les détails de son entrée messianique dans la ville de " David, son père " (Lc 1,32 ; cf. Mt 21,1-11) Il est acclamé comme le fils de David, celui qui apporte le salut ( "Hosanna " veut dire " sauve donc ! ", " donne le salut ! "). Or " Roi de Gloire " (Ps 24, 7-10) entre danssaVille " monté sur un ânon " (Za 9, 9) : il ne conquiert pas la Fille de Sion, figure de son Église, par la ruse ni par la violence, mais par l’humilité qui témoigne de la Vérité (cf. Jn 18,37). C’est pourquoi les sujets de son Royaume, ce jour-là, sont les enfants (cf. Mt 21,15-16 ; Ps 8, 3) et les " pauvres de Dieu ", qui l’acclament comme les anges l’annonçaient aux bergers (cf. Lc 19,38 ; 2, 14). Leur acclamation, " Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur " (Ps 118, 26), est reprise par l’Église dans le " Sanctus " de la liturgie eucharistique pour ouvrir le mémorial de la Pâque du Seigneur.

560 L’entrée de Jésus à Jérusalem manifeste la Venue du Royaume que le Roi-Messie va accomplir par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection. C’est par sa célébration, le dimanche des Rameaux, que la liturgie de l’Église ouvre la grande Semaine Sainte.

EN BREF

561 " Toute la vie du Christ fut un continuel enseignement : ses silences, ses miracles, ses gestes, sa prière, son amour de l’homme, sa prédilection pour les petits et les pauvres, l’acceptation du sacrifice total sur la Croix pour la rédemption du monde, sa Résurrection sont l’actuation de sa parole et l’accomplissement de la Révélation " (CT 9).

562 Les disciples du Christ doivent se conformer à Lui jusqu’à ce qu’il soit formé en eux (cf. Ga 4,19). " C’est pourquoi nous sommes assumés dans les mystères de sa vie, configurés à lui, associés à sa mort et à sa Résurrection, en attendant de l’être à son Règne " (LG 7).

563 Berger ou Mage, on ne peut atteindre Dieu ici-bas qu’en s’agenouillant devant la crèche de Bethléem et en l’adorant caché dans la faiblesse d’un enfant.

564 Par sa soumission à Marie et Joseph, ainsi que par son humble travail pendant de longues années à Nazareth, Jésus nous donne l’exemple de la sainteté dans la vie quotidienne de la famille et du travail.

565 Dès le début de sa vie publique, à son baptême, Jésus est le " Serviteur ", entièrement consacré à l’œuvre rédemptrice qui s’accomplira par le " baptême " de sa passion.

566 La tentation au désert montre Jésus, Messie humble qui triomphe de Satan par sa totale adhésion au dessein de salut voulu par le Père.

567 Le Royaume des cieux a été inauguré sur la terre par le Christ. " Il brille aux yeux des hommes dans la parole, les œuvres et la présence du Christ " (LG 5). L’Église est le germe et le commencement de ce Royaume. Ses clefs sont confiées à Pierre.

568 La Transfiguration du Christ a pour but de fortifier la foi des apôtres en vue de la passion : la montée sur la " haute montagne " prépare la montée au Calvaire. Le Christ, Tête de l’Église, manifeste ce que son Corps contient et rayonne dans les sacrements : " l’espérance de la Gloire " (Col 1,27) (cf. S. Léon le Grand, serm. 51, 3 : PL 54, 310C).

569 Jésus est monté volontairement à Jérusalem tout en sachant qu’il y mourrait de mort violente à cause de la contradiction de la part des pécheurs (cf. He 12,3)..

570 L’entrée de Jésus à Jérusalem manifeste la venue du Royaume que le Roi-Messie, accueilli dans sa ville par les enfants et les humbles de cœur, va accomplir par la Pâque de sa Mort et de sa Résurrection.

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