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 - 4 novembre 2024 - Saint Charles Borromée

 

Article 1 : Le premier commandement

III. " Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi "

2110 Le premier commandement interdit d’honorer d’autres dieux que l’Unique Seigneur qui s’est révélé à son peuple. Il proscrit la superstition et l’irréligion. La superstition représente en quelque sorte un excès pervers de religion ; l’irréligion est un vice opposé par défaut à la vertu de religion.

La superstition

2111 La superstition est la déviation du sentiment religieux et des pratiques qu’il impose. Elle peut affecter aussi le culte que nous rendons au vrai Dieu, par exemple, lorsqu’on attribue une importance en quelque sorte magique à certaines pratiques, par ailleurs légitimes ou nécessaires. Attacher à la seule matérialité des prières ou des signes sacramentels leur efficacité, en dehors de dispositions intérieures qu’ils exigent, c’est tomber dans la superstition (cf. Mt 23,16-22).

L’idolâtrie

2112 Le premier commandement condamne le polythéisme. Il exige de l’homme de ne pas croire en d’autres dieux que Dieu, de ne pas vénérer d’autres divinités que l’Unique. L’Écriture rappelle constamment ce rejet des " idoles, or et argent, œuvres de mains d’hommes ", elles qui " ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas ... ". Ces idoles vaines rendent vain : " Comme elles, seront ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi " (Ps 115, 4-5. 8 ; cf. Is 44, 9-20 ; Jr 10, 1-16 ; Dn 14, 1-30 ; Ba 6 ; Sg 13, 1 - 15, 19). Dieu, au contraire, est le " Dieu vivant " (Jos 3, 10 ; Ps 42, 3 ; etc.), qui fait vivre et intervient dans l’histoire.

2113 L’idolâtrie ne concerne pas seulement les faux cultes du paganisme. Elle reste une tentation constante de la foi. Elle consiste à diviniser ce qui n’est pas Dieu. Il y a idolâtrie dès lors que l’homme honore et révère une créature à la place de Dieu, qu’il s’agisse des dieux ou des démons (par exemple le satanisme), de pouvoir, de plaisir, de la race, des ancêtres, de l’Etat, de l’argent, etc. " Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ", dit Jésus (Mt 6,24). De nombreux martyrs sont morts pour ne pas adorer " la Bête " (cf. Ap 13-14), en refusant même d’en simuler le culte. L’idolâtrie récuse l’unique Seigneurie de Dieu ; elle est donc incompatible avec la communion divine (cf. Ga 5,20 ; Ep 5,5).

2114 La vie humaine s’unifie dans l’adoration de l’Unique. Le commandement d’adorer le seul Seigneur simplifie l’homme et le sauve d’une dispersion infinie. L’idolâtrie est une perversion du sens religieux inné de l’homme. L’idolâtre est celui qui " rapporte à n’importe quoi plutôt qu’à Dieu son indestructible notion de Dieu " (Origène, Cels. 2, 40).

Divination et magie

2115 Dieu peut révéler l’avenir à ses prophètes ou à d’autres saints. Cependant l’attitude chrétienne juste consiste à s’en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur et à abandonner toute curiosité malsaine à ce propos. L’imprévoyance peut constituer un manque de responsabilité.

2116 Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort " dévoiler " l’avenir (cf. Dt 18, 10 ; Jr 29, 8). La consultation des horoscopes, l’astrologie, la chiromancie, l’interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l’histoire et finalement sur les hommes en même temps qu’un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l’honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul.

2117 Toutes les pratiques de magie ou de sorcellerie par lesquelles on prétend domestiquer les puissances occultes pour les mettre à son service et obtenir un pouvoir surnaturel sur le prochain, - fût-ce pour lui procurer la santé -, sont gravement contraires à la vertu de religion. Ces pratiques sont plus condamnables encore quant elles s’accompagnent d’une intention de nuire à autrui ou qu’elles recourent ou non à l’intervention des démons. Le port des amulettes est lui aussi répréhensible. Le spiritisme implique souvent des pratiques divinatoires ou magiques. Aussi l’Église avertit-elle les fidèles de s’en garder. Le recours aux médecines dites traditionnelles ne légitime ni l’invocation des puissances mauvaises, ni l’exploitation de la crédulité d’autrui.

L’irréligion

2118 Le premier commandement de Dieu réprouve les principaux péchés d’irréligion : l’action de tenter Dieu, en paroles ou en actes, le sacrilège et la simonie.

2119 L’action de tenter Dieu consiste en une mise à l’épreuve, en parole ou en acte, de sa bonté et de sa toute-puissance. C’est ainsi que Satan voulait obtenir de Jésus qu’il se jette du Temple et force Dieu, par ce geste, à agir (cf. Lc 4,9). Jésus lui oppose la parole de Dieu : " Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu " (Dt 6, 16). Le défi que contient pareille tentation de Dieu blesse le respect et la confiance que nous devons à notre Créateur et Seigneur. Il inclut toujours un doute concernant son amour, sa providence et sa puissance (cf. 1 Co 10, 9 ; Ex 17, 2-7 ; Ps 95, 9).

2120 Le sacrilège consiste à profaner ou à traiter indignement les sacrements et les autres actions liturgiques, ainsi que les personnes, les choses et les lieux consacrés à Dieu. Le sacrilège est un péché grave surtout quand il est commis contre l’Eucharistie puisque, dans ce sacrement, le Corps même du Christ nous est rendu présent substantiellement (cf. ⇒ CIC, can. 1367 ; ⇒ 1376).

2121 La simonie (cf. Ac 8,9-24) se définit comme l’achat ou la vente des réalités spirituelles. A Simon le magicien, qui voulait acheter le pouvoir spirituel qu’il voyait à l’œuvre dans les apôtres, Pierre répond : " Périsse ton argent, et toi avec lui, puisque tu as cru acheter le don de Dieu à prix d’argent " (Ac 8,20). Il se conformait ainsi à la parole de Jésus : " Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement " (Mt 10,8 ; cf. déjà Is 55, 1). Il est impossible de s’approprier les biens spirituels et de se comporter à leur égard comme un possesseur ou un maître, puisqu’ils ont leur source en Dieu. On ne peut que les recevoir gratuitement de Lui.

2122" En dehors des offrandes fixées par l’autorité compétente, le ministre ne demandera rien pour l’administration des sacrements, en veillant toujours à ce que les nécessiteux ne soient pas privés de l’aide des sacrements à cause de leur pauvreté " (⇒ CIC, can. 848). L’autorité compétente fixe ces " offrandes " en vertu du principe que le peuple chrétien doit subvenir à l’entretien des ministres de l’Église. " L’ouvrier mérite sa nourriture " (Mt 10,10 ; cf. Lc 10,7 ; 1 Co 9, 5-18 ; 1 Tm 5, 17-18).

L’athéisme

2123 " Beaucoup de nos contemporains ne perçoivent pas du tout ou même rejettent explicitement le rapport intime et vital qui unit l’homme à Dieu : à tel point que l’athéisme compte parmi les faits les plus graves de ce temps " (GS 19, § 1).

2124 Le nom d’athéisme recouvre des phénomènes très divers. Une forme fréquente en est le matérialisme pratique qui borne ses besoins et ses ambitions à l’espace et au temps. L’humanisme athée considère faussement que l’homme " est pour lui-même sa propre fin, le seul artisan et le démiurge de son histoire " (GS 20, § 1). Une autre forme de l’athéisme contemporain attend la libération de l’homme d’une libération économique et sociale à laquelle " s’opposerait par sa nature même, la religion, dans la mesure où érigeant l’espérance de l’homme sur le mirage d’une vie future, elle le détournerait d’édifier la cité terrestre " (GS 20, § 2).

2125 En tant qu’il rejette ou refuse l’existence de Dieu, l’athéisme est un péché contre la vertu de religion (cf. Rm 1,18). L’imputabilité de cette faute peut être largement diminuée en vertu des intentions et des circonstances. Dans la genèse et la diffusion de l’athéisme, " les croyants peuvent avoir une part qui n’est pas mince, dans la mesure où, par la négligence dans l’éducation de la foi, par des représentations trompeuses de la doctrine, et aussi par des défaillances de leur vie religieuse, morale et sociale, on peut dire qu’ils voilent l’authentique visage de Dieu et de la religion plus qu’ils ne le révèlent " (GS 19, § 3).

2126 Souvent l’athéisme se fonde sur une conception fausse de l’autonomie humaine, poussée jusqu’au refus de toute dépendance à l’égard de Dieu (cf. GS 20, § 1). Pourtant, " la reconnaissance de Dieu ne s’oppose en aucune façon à la dignité de l’homme, puisque cette dignité trouve en Dieu lui-même ce qui la fonde et ce qui l’achève " (GS 21, § 3). L’Église sait " que son message est en accord avec le fond secret du cœur humain " (GS 21, § 7).

L’agnosticisme

2127 L’agnosticisme revêt plusieurs formes. Dans certains cas, l’agnostique se refuse à nier Dieu ; il postule au contraire l’existence d’un être transcendant qui ne pourrait se révéler et dont personne ne saurait rien dire. Dans d’autres cas, l’agnostique ne se prononce pas sur l’existence de Dieu, déclarant qu’il est impossible de la prouver et même de l’affirmer ou de la nier.

2128 L’agnosticisme peut parfois contenir une certaine recherche de Dieu, mais il peut également représenter un indifférentisme, une fuite devant la question ultime de l’existence, et une paresse de la conscience morale. L’agnosticisme équivaut trop souvent à un athéisme pratique.

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